Jeudi 16 Mars 1995, 04:47
Centre de Remise en Forme associatif "Le Renouveau du Corps", Centre-Ville
Miami, État de Floride
Bob Higgins était fort occupé ce soir là. L'association avait encore bien tourné aujourd'hui. Les employés bénévoles était tous rentré chez eux lorsqu'il avait pris son service à 22h00 et il avait enfin réussi à attirer l'attention de Sophia, la petite secrétaire du premier étage. Ensuite les usagers habituels étaient arrivés pour les séance de "Renouveau de l'Esprit". Rien à voir avec l'activité de la journée, mais c'était bien plus lucratif et c'était Calumn Olefski, le patron en personne qui dirigeait les séances. Oh non, Bob n'était pas du tout intéressé par ce qui se passait durant ces séances de... on lui avait décrit comment déjà ? Méditation transcendantale, un truc du genre.
Bref tout ce qui importait, c'était qu'il était super bien payé pour un boulot aussi pépère. Gardien de la Sécurité de Nuit dans cet immeuble pratiquement vide une fois les 2h00 du matin passés. Tout ce qu'il avait à faire était de surveiller les moniteurs de surveillance, reconduire les visiteurs tardifs et non inscrits sur la liste à la sortie en raison de fermeture du local, prendre les messages pour son boss et prévenir le groupe de sécurité personnelle en cas de gros problème.
Somme toute il avait la vie peinard, le Bob. Sauf ce soir là...
Il était tranquillement avachi dans son fauteuil de vigile, derrière le bureau d'accueil, en train de mater son film porno de la nuit, des écouteurs sur les oreilles. Et voilà qu'entre un groupe particulièrement hétéroclite : un homme brun et pâle à l'allure sérieuse dans son costume de riche, une jeune femme blonde d'une beauté digne des plus grand mannequins au monde, un type bien raide, cheveux ras et à la démarche de soldat en permission et un petit vieux des îles habillé d'amples robes antillaises toutes bariolées et flashies dans ce hall si sobre.
Il leur fallu près d'une minute pour attirer l'attention du vigile, trop absorbé par une scène de s... euh, ne nous égarons pas. Une fois qu'il les eut aperçu, le vigile les héla, non sans observer avec insistance le décolleté plongeant de la jeune demoiselle, effet certainement désiré par la belle :
"Messieurs dames, l'association est fermée pour la soirée, je vais vous demander de revenir demain un peu plus tôt.
- Oh, nous voulions simplement nous faire masser... répondit monsieur balais-dans-le-derche, visiblement peu au fait de l'heure.
- Il est 4h00 du matin monsieur, revenez vous inscrire en journée, vous obtiendrez des résultats bien plus délassants., rétorqua le gardien de nuit.
- Nous voudrions transmettre un message au patron de cette association. pourrions-nous le voir s'il vous plaît ?" Demanda l'espèce de soldat, immédiatement appuyé par le vieillard qui semblait écouter son compagnon d'une oreille exagérément attentive
Bob frémit à l'idée de déranger monsieur Calumn. Actuellement il devait certainement prendre son bain nocturne après la séance de ce soir. Et quand monsieur Calumn s'enferme dans ses appartements du 2ème étage, mieux vaut ne pas le déranger car il peut se montrer d'une humeur particulièrement irritable, sans compter qu'il n'est pas commode même pour une armoire à glace comme Bob.
"Euh... excusez-moi, mais ce n'est pas une très bonne idée. Monsieur Olefski est actuellement indisponible, mais je peux prendre le message si vous le désirez.
- Cela ne peut souffrir d'aucun retard, surenchérit le vieillard, c'est un message urgent. Ne pouvez-vous pas faire une exception ?"
Bob n'aurait su dire pourquoi, mais le vieil antillais semblait étrangement proche, presque attendrissant. Le vigile, qui dans la vie était un parfait connard, précisons-le, décida d'être gentil pour une fois et d'accéder à la requête de ce sympathique vieil homme. Il saisit le combiné et composa le numéro standardisé de la suite du 2ème étage.
Ca sonnait... *Clic*
" Allô ? Demanda une voix grave et calme, mais néanmoins lourde de reproche à venir.
- Euh, c'est Bob, monsieur Olefski. J'ai ici des personnes qui aimeraient vous rencontrer, elles disent qu'ils ont un message important à vous transmettre.
- Je n'attendais personne... combien sont-ils ?
- Quatre, monsieur.
- Mmh. Dis-leur de te donner ce message et de disparaître... Oh, un instant, demande-leur de la part de qui provient ce message, s'enquérit Calumn, visiblement peut confiant dans les capacités de raisonnement de son subalterne.
- De la part de qui, le message, demanda Bob aux visiteurs.
- De la part de Lisa Stevens, répondit le soldat du tac au tac.
- Une certaine Lisa Stevens monsieur" transmit le vigile.
Il se passa quelques secondes avant que Calumn ne réagisse. Visiblement ce nom ne lui était pas inconnu. Seulement ce ne devait pas être en bien, car sa réponse fut brutale.
"Lisa Stevens est décédée... quels imbéciles ! Appelles vite le Groupe de Sécurité et retiens les jusqu'à leur arrivée... abattez-les et prétextez la légitime défense et tu auras une prime salariale conséquente Bob.
- Très bien monsieur, je fais transférer l'appel, répondit le vigile pour ne pas éveiller les soupçons tandis que son patron raccrochait. Il composa le numéro du Groupe de Sécurité Personnelle et s'adressa poliment à ses hôtes après avoir appuyé discrètement sur le bouton d'alarme silencieuse sous son bureau. Veuillez attendre un instant s'il vous plaît, juste le temps de transférer la ligne."
Mais Bob ne fut pas assez discret, faut-il croire car l'homme d'affaire, bien plus vif et puissant qu'il ne le laissait croire par son apparence, plongea en avant pour tenter d'aggriper sa gorge à mains nues. Bob Higgins n'eut que le temps de lâcher le téléphone et se propulser en arrière. Son fauteuil se renversa, mais il put dégainer son arme et la pointer vers ses agresseurs.
"Ne bougez plus !" hurla-t-il en balayant les quatre personne du regard et du canon de son arme.
Et là, ce fut le choc : les yeux du vieillard n'étaient plus de simples pupilles noires et blanches, non... ses iris n'étaient plus qu'une fente reptilienne cerclée de pupilles jaunes. Ce regard paralysait le pauvre vigile, il ne pouvait plus bouger un muscle, ni détacher son regard de ce yeux hypnotiques.
Par la vision périphérique, il put appercevoir que la jeune femme sortit nonchalamment un révolver... ouille, Magnum .357, du très gros calibre ! Elle pointa l'arme dans sa direction avec un sourire pervers.
*BANG !*
Ce fut là le dernier son que Bob Higgins entendit avant que sa poitrine n'explose littéralement...